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Réflexions a propos de l'enlèvement de collégiennes négérianes

Le 14 avril,  270 adolescentes nigérianes ont été enlevés par Boko Haram,  et 237 se sont « évaporées ». Pas un mot dans nos médias occidentaux qui n’avaient d’yeux que pour les recherches de l’avion de la Malaysian Airline disparu un mois plus tôt. Le surlendemain,  le 16 avril,  le bateau coréen coulait avec 462 lycéens à bord. Priorité à ce drame, personne n’a eu le temps et personne a jugé utile de s’intéresser au sort des enlevées nigérianes. Et « silence assourdissant » pendant près d’un mois! 

Maintenant cet évènement  fait le buzz ( comme on dit) sur Internet et les grands de ce monde, people en tête, parlent haut et défilent! Je suis un peu choquée de cette attitude après un si long silence.

 

Dès le lendemain de cet enlèvement, j’ai eu envie d’ écrire une note sur mon blog. J’y ai renoncé car je voulais peser mes mots avant de les mettre en ligne. Le sujet est tellement sensible pour moi, responsable de plusieurs écoles dans notre petite association au Niger!

C’est en l’an 2000 que j’ai découvert les écoles de la région du parc du W lors d’un voyage d’études effectués par des coopérateurs de POINT-AFRIQUE, dont je suis fière de faire partie. Reçus dans les villages par le chef du village et les édiles, nous étions chargés de demander comment nous pouvions les aider Je suis revenue de ce voyage très émue car tous avaient placé l’école en première priorité. Et tous avaient mis l’accent sur l’importance de l’instruction pour les filles. Je me souviens d’un minuscule village qui n’avait pas encore d’école et où les jeunes étaient prêts à en construire une. Ils nous avaient dit  combien l’instruction pour eux et leurs sœurs était primordiale! Au retour, nous avions retenu 4 points, dans l’ordre souhaité par les villages: les écoles, les puits, la santé, et le maraîchage.

De ce premier voyage, il me reste des images plein la tête. Le jeune instituteur très fier de nous montrer qu’il  a presque autant de filles que de garçons, une école de la deuxième chance (pour ceux qui ont commencé l’école à huit ans) et qui réussit d’une manière remarquable, et par-dessus tout l’école où j’ai laissé un coin de mon cœur avec un couple d’enseignants admirables qui faisait  à la fois de l’instruction, de l’éducation et de l’information et dont les grandes élèves étaient d’une maturité impressionnante. 

C’est à la suite de ce voyage que nous avons fondé la Poulie et c’est là que je me suis engagée auprès des instituteurs. J’ai pensé illustrer   cette note avec des photos, j’en ai tant de si belles, … je n’ai finalement pas voulu mettre des visages à découvert.  Mais je regrette de ne pas montrer l’école en tige de mil posée sur la poussière rouge du chemin avec quelques élèves dont 3 fillettes si attentives devant le tableau, …une autre école, avec 2 petits bouts de filles de CP, voilées et si belles, découvrant avec émerveillement la lecture, et tant de grandes filles,  en costume traditionnnel, polies, souriantes, participant intelligemment à la classe et prêtes avec sérénité à aborder des études.

 

J’ai eu connaissance de l’existence de Boko Haram il y a déjà cinq ou six ans, et ai été effrayée de leur « terrorisme islamiste ». Etre opposés à la modernité et aux valeurs occidentales, c’est une idée qu’on pourrait l’admettre, …. notre civilisation n’est pas un modèle  et et notre rôle en Afrique n’a pas été  et n’est pas toujours exemplaire, mais revendiquer leur radicalisme et leur barbarie au nom de la religion est un mensonge. L’islam n’est pas « J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah. [...] J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l'école) et vous marier » comme l’a affirmé leur chef!

 

Je pense à tous mes amis instituteurs, musulmans,  je respecte leur croyance et je respecte leurs coutumes. Comme a dit le pape François « qui suis-je moi pour les juger? ». Ce que je constate c’est qu’ils s’impliquent tous dans l’instruction et l’éducation des filles  et ils font tout ce qu’ils peuvent pour qu’elles aient un poids dans la société africaine actuelle.  L’un m’a dit «  C’est par les femmes que se fera l’évolution de l’Afrique ». Et il était sincère!

 Ce qui est à craindre, c’est que nous, occidentaux,  faisions  l’amalgame entre les musulmans et Boko Haram, entre la croyance religieuse et la barbarie, et que la haine de l’Autre, de l’Etranger  s’attise plus encore dans notre pays.

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