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Réflexions et souvenirs après l'émission " Tout peut changer"

L'émission sur le gaspillage alimentaire a fait naître en moi de nombreux souvenirs.   Je suis une petite fille de la guerre, j'avais 7 ans en 1939.

J'ai d'abord eu droit aux tickets correspondants à la ration J2 ( 6, 12 ans), et, en 1944, je suis devenue....

  J3 : de 12 ans à 21 ans + femme enceintes,  la  fameuse ration de croissance. 


J'avais oublié de quoi cette ration journalière était composée jusqu'au jour, où, près de Malestroit, dans le musée de la résistance de St Marcel, j'ai vu exposé dans de petites coupelles ce qu'on m'octroyait par jour.

Pensionnaire au lycée de Saumur , j'avais droit à:

 - pain : 350 gr, ( les tickets ont existé jusqu'en 1949!)

 - chocolat : 8 gr (250 gr par mois), 

- beurre : 7,5 gr (225 gr par mois), 

- vin  : 13 cl (4 litres par mois), et oui, à partir de 12 ans, nous avions droit au vin!

- viande : 30 gr 

- fromage : 7 gr  50 gr par semaine), 

- sucre : 33 gr (1 kg par mois). 

- café mélangé : 150 gr par mois.

Il n'est pas besoin d'ajouter que nous n'avions pas un gramme de plus et que la viande était souvent de ... la mamelle de vache bouillie seulement! 

Envie de jeter? même quand c'était immangeable, nous mangions gaiment sans jamais rechigner. Nous faisions même de l'humour avec  les charançons flottant sur nos  éternels haricots blancs qui devenaient " de la viande sans ticket"! 

Mais nous n'étions ni obèse, ni diabétique, ni malade, nous respirions la joie de vivre, toujours content de notre sort…. et nous sommes devenus des adultes résistants. 


Depuis le monde a changé, mais je  n'ai jamais rien jeté!

 

Mon engagement associatif au Niger m'a d'ailleurs conforté dans mon horreur du gaspillage! Encore hier sur "Jeune Afrique" un titre a retenu mon attention  :

- au moins 362 enfants morts de malnutrition dans la région de Zinder. La sécheresse bien sur, mais quand c'est la saison des pluies les inondations emportent les jardins. Dans un des villages avec lesquels nous travaillons,  c'est tous les ans le même cycle: sécheresse, inondation et… il ne reste rien.

 

Alors quand, sur la plage des Sables, une gamine de 5/6 ans arrive avec sa mère en suçant une énorme glace et 2 mn après, dit " j'en veux plus" je dresse l'oreille. En entendant la mère répondre" Tiens, il y a une poubelle la-bas," comme si c'était normal de jeter cette friandise, je me retiens d'intervenir.

 

Il est vrai que les Français sont surs de ne pas jeter, c'est toujours "l'autre" qui est responsable.`J'ai trouvé d'ailleurs trouvé un sondage étonnant et drôle.


Pour 54% des Français, réduire le gaspillage alimentaire est une action très importante à faire quotidiennement,  Préoccupés par le sujet, 57%  en parlent avec leur famille, leurs proches ou leurs collègues et 76% estiment que l’on ne parle pas ou pas suffisamment du gaspillage alimentaire dans la publicité. Et plus de 75% estiment être en dessous de la moyenne nationale des 20 kg de déchets par personne et par an.

Chacun a l’impression de gaspiller un peu, mais que les autres gaspillent davantage

Car, à les en croire, 94% vérifient les dates limite de consommation et veillent à respecter la chaîne du froid,  89% congèlent les restes, 87 % les cuisinent, 86 % utilisent des boites hermétiques, 75% sensibilisent leur famille a ce problème.

Bizarre, vous avez dit bizarre .....

mais d'où viennent donc ces 20 kg?`


Et je terminerai par une anecdote personnelle qui date de 1942.

Un soir d'hiver, je cours chercher du pain, un gros pain à l'épicerie du village avec mes tickets d'une main, une pièce de l'autre. La nuit tombe et couvre feu oblige il n'y a aucune lumière dans le village. En passant près d'une maison, un chien aboie, j'ai peur et je me sauve. Je trébuche sur le bord du trottoir et me couronne le genou jusqu'à l'os ( maintenant ce serait immédiatement un médecin et 3 ou 4 points de suture). Je rentre en hurlant à la maison. Et que croyez vous que je crie?

" J'ai mal" ... non!... je répète en sanglotant

" mes tickets, j'ai perdu mes tickets".

Ma mère, avec une lampe de poche, sort et cherche, mais le vent d'hiver a tout emporté et je pleure jusqu'à mon coucher en répétant,

" Comment on va faire? j'ai perdu mes tickets!" ... 800g de pain, c'était important à cette époque alors qu'on en jette maintenant des tonnes!

J'avais 10 ans, et je ne ferai aucun commentaire!

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