Pour mon blog aussi, c'est la rentrée. J'ai tenu à le reprendre avec une citation de l'Abbé Pierre qui me semble essentielle.
" La responsabilité de chacun implique deux actes: vouloir savoir et oser dire".
Dès que j'ai ouvert les yeux sur le monde, j'ai entendu mes grands-parents puis mes parents parler d'instruction, d'éducation, d'information, les 3 indispensables pour être un Homme! Ils croyaient, à cette époque, que le Peuple s'élèverait par la culture et la faculté de juger les informations.
" Ne pas se laisser mener comme "do bu jouqués" ( des boeufs sous le jougs), disait mon grand père. Et pourtant comme ils étaient humbles, mes ascendants paysans, des "bouseux" dirait-on avec mépris maintenant.
Je retrouve leur pensée dans la citation de l'Abbé Pierre "vouloir savoir et oser dire"
Vouloir savoir!… l'abondance des informations nous envahit chaque jour un peu plus mais qui veut savoir vraiment? …la plupart se contente de ce que superficiellement les médias nous assènent sans chercher d'autres sources et pensant que si on le dit, c'est .... la Vérité. Il est vrai qu'il est de plus en plus difficile de les trouver les autres sources qu'on nous cache soigneusement.
Un seul exemple: nous n'entendons parler que d'ultralibéralisme, de dette et de PIB, de croissance en affirmant " Il n'y a aucune autre alternative".
Qui sait qu'en 2010, un groupe d'économistes français a crée une association "les économistes atterrées" . Rejoints par des collègues français et étrangers, ils sont maintenant plus de 3000 a clamer dans le désert le plus complet.
Avant les élections 2012, ils ont publié un livre: " Changer d'économie! nos propositions pour 2012" Qui en a parlé? J'ai lu ce livre remarquable qui explore tant de pistes et dont " la Vie" a écrit:
"Que l'on a adhère ou non à ces propositions, l'ouvrage, clair et abordable, a le mérite de relancer un débat trop souvent phagocyté par l'urgence et d'interroger les fondements de la politique économique. Surtout, il nous rappelle que la sortie de crise n'est possible qu'à condition de mener une réflexion globale et non pas à coup de mesures, annoncées pêle-mêle aux médias, sans hiérarchie ni cohérence véritable.
Même constatation pour les livres de Joseph Stiglitz, économiste américain qui a reçu le Prix Nobel d'Economie en 2003. Economiste en chef de la Banque mondiale, conseiller du FMI il s'est permis, en 2002, de violentes critiques du FMI en particulier et du système économique dans son livre" La grande désillusion" Il explique, exemples à l'appui que le FMI accentue les problèmes dans les pays où il intervient.
En 2003, c'est " Quand le capitalisme perd la tête", en 2010 il analyse la crise dans " le triomphe de la cupidité" et en 2012 publie " le Prix de l'inégalité". J'ai lu les 3 premiers, forts intéressants, mais pratiquement aucun média n'en a parlé.
Il est vrai que je n'ai pas oublié la phrase de Patrick Le Lay, directeur de TF1, en 2004, se vantant de "vendre du temps de cerveau disponible à Coca Cola" et ajoutant " pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages". ( dit plus vulgairement " de le rendre idiot")
Oser dire! j'essaie souvent oralement mais je constate que cela n'intéresse pas grand monde. Et on est si mal jugé: anarchiste, gauchiste, écolo, marginal etc... faut-il donc se résigner à devenir un " Homo Economicus"? celui dont on a osé écrire qu'il devait être conditionné pour ne pas être capable de réfléchir
A chaque retour, je me demande s'il vaut la peine de reprendre ce blog où j'ose dire . Finalement, la citation de l'Abbé Pierre m'encourage à continuer.
J'ai sans doute beaucoup de chance d'avoir eu un père qui me répétait : « Ne parle pas comme une petite bêtasse, renseigne toi et réfléchis". Or j'ai perdu mon père en 1941, je n'avais pas 9 ans, à quel âge m'a-t-on inculqué le devoir de recherche de la vraie information!