Jour de Pâques ! Je viens de découvrir Cécile Renouard, religieuse de l'Assomption et théologienne, qui a participé aux Conférences de Carème à Notre Dame de Paris sur le thème : "La solidarité, exigence éthique et espérance spirituelle"
Et c'est avec étonnement que je lis qu'il faut "remettre en cause ces structures de péché – que sont la soif exclusive du profit et la soif du pouvoir dans le but d’imposer aux autres sa volonté , structures qui détruisent le vivre ensemble et sont antinomiques avec la solidarité".
La suite, c'est: " Il faut mobiliser différents acteurs dans une perspective qui se veut attentive à ceux qui l’entourent et aux effets proches et lointains de son activité. Il faut favoriser une justice comptable et fiscale et dénoncer les pratiques d’optimisation fiscale dommageable, fussent-elles avantageuses pour sa propre organisation. Il faut mettre en avant la qualité des relations entretenues au sein de l’entreprise jusqu’à son environnement économique, avancer vers une transformation radicale de nos systèmes de production et de consommation et nous acheminer vers une tempérance solidaire, qui passe par la décroissance de notre consommation…"
J'ai immédiatement envie d'en savoir davantage sur Cecile Renouard, religieuse oui, mais aussi directrice du programme recherche "Entreprises et développement des pays émergents" de l'Institut ESSEC, enseignant "l’éthique sociale et la philosophie politique" au Centre Sèvres et, depuis 2008, à l’Ecole des Mines de Paris. De plus, elle est est l'auteur d'un livre "Vingt propositions pour réformer le capitalisme"
Sur le site des religieuses de l'Assomption je trouve un interview où elle parle de son livre:
"Nous devons procéder à une refonte profonde et radicale du capitalisme. La recherche sans fin d’accroissement indéfini du capital par ses seuls détenteurs et la disjonction entre le facteur capital et le facteur travail sont deux caractéristiques du capitalisme qui, si on pousse cette logique au bout, conduisent à des désastres.Il est très important de favoriser toutes les formes encore marginales d’entrepreneuriat social et d’entreprises coopératives qui permettent aux travailleurs d’être aussi détenteurs du capital. Nous voudrions ouvrir une troisième voie respectueuse de l’être humain, mais aussi de l’écologie car on connaît maintenant les dangers d’une économie peu soucieuse d’environnement
Une priorité : prenons tous conscience que nous avons quelque chose à faire et que nous ne sommes pas des victimes tenues de consommer toujours plus afin d’accéder au bonheur. L’économie n’a de sens que si elle est au service de l’homme et du vivre-ensemble. la finance a été utilisée à mauvais escient. D’où les dérives d’un capitalisme exigeant un retour sur investissement pour les actionnaires bien trop élevé, avec le risque d’oublier les autres parties prenantes de l’activité économique tels les salariés et tous les groupes liés à l’activité : fournisseurs, soustraitants, clients, populations riveraines de sites industriels, voire pouvoirs publics".
J'avais trouvé une critique acerbe du capitalisme sur le Financial Times, en voilà une aussi virulente et aussi inattendue.
Il y a loin de ces propos au discours officiel de la "bien-pensance" européenne et mondiale et comme on aimerait trouver ces pensées dans le programme de nos principaux candidats à la présidence.
C'est une bien belle découverte pour mon jour de Pâques, une raison d'espérer . Un grand merci à Cecile Renouard !