Avant hier je suis partie à vélo pour 25 km sur la levée de la Loire, rive droite, retour par la rive gauche, une sortie de 50 km ponctuée d'arrêts pour observer le fleuve.
J'avais été interpelée par la mort d'une dizaine de pauvres chiens qui avaient eu la malencontreuse idée de jouer dans l'eau. Des articles m'avaient renseignée sur les responsables, les cyanobacteries qui se développent dans une eau presque stagnante, trop chaude et envahie de micronutriments dus, encore une fois, aux activités humaines, autant les rejets urbains que les rejets agricoles. De plus en plus, dans toute la France, les rivières et lacs sont touchés par ces algues bleues qui peuvent être dangereuses aussi pour les hommes, plus encore pour les enfants. En Anjou la baignade, la consommation des poissons pêchés ainsi que les activités nautiques ont été réglementées, voire interdites selon les endroits.
Mon premier arrêt a été sur une cale que j'appellerai familiale tant elle a accompagnée notre vie depuis 1954. Non loin de chez nous, accueillante aussi bien pour les balades du dimanche en toutes saisons que pour les pique nique d'été, elle a été le témoin de tant de souvenirs heureux. Je ne connaissais que ses pavés, je découvre au delà une frange de "prairie" qui montre que le fleuve est décidément bien bas! Ici, une île sépare la Loire en 2 bras, celui que je longe ne coule quasiment plus et des mouettes semblent marcher sur une pellicule d'eau. Partout le sable affleure et l'eau ne court plus mais stagne entre les îles . Et tout favorise le développement de ces algues dangereuses.
Au fil des km, je découvre la même Loire paresseuse, avec les bancs de sable devenus iles, puis prairies, certaines avec des arbustes aussi haut que moi. Si le phénomène s'accentue, on pourra, comme dans le lit du Niger, (les 2 fleuves ressemblent beaucoup), y mener paître les vaches. Mais qui a encore 2 ou 3 bêtes à mener au champ chaque jour? Pendant cette sortie, j'ai surtout vu des pépinières produisant graines fleurs et arbustes ainsi que des champs de maïs avec des arroseurs d'une longueur démesurée.
Sur l'autre rive, beaucoup plus sauvage, les "boires" sortes d'étangs laissés par la Loire à la fin de l'hiver ont disparues, devenues prairies elles aussi.
Décidément, quand on aime ce fleuve depuis 85 ans, bien difficile de nier le changement de climat d'autant plus que la semaine passée, je suis allée découvrir la Maine et l'Authion qui ont encore plus piteuse mine!
Le monde à bien changé, il change chaque jour, mais je ne suis pas sûre que ce soit pour le bien des générations futures.