Jamais je n’avais abandonné ce blog, qui est essentiel pour moi, pendant une aussi longue période. Les voyages, les aléas de la vie, ont fait que je n’avais plus tellement le temps et le coeur à écrire.
Je pensais reprendre cette semaine avec un sujet léger, de petites annotations anodines sur des faits de société, recueillies pendant ces mois d ‘été.
Mais hier c’est l’indignation qui a pris le dessus, en recevant un mail de l’ADMD, « association pour le droit de mourir dans la dignité ». Dans son édition du 14 septembre, le Midi Libre, a publié un article sur l’ Assemblée Générale de l’ADMD où « mourir dans la dignité » était assimilé à « une mise a mort » par un médecin.
Je fais depuis de longues années partie de cette Association, le terme m’a choquée et j’ai envoyé le mail suivant à la rédaction du Midi Libre.
"Mise à mort"!
Comme beaucoup d'autres, j'ai sursauté puis me suis indignée. Ce terme évoque plutôt la corrida et la mort du taureau. On l'emploie aussi pour les actes de barbarie, et pour la peine de mort qui existe encore dans tant de pays.
Mais pour notre association qui parle de "dignité" il est répugnant. Faute de vocabulaire, peut-être d'un pigiste débutant? Instantanéité de l'information qui dénature la presse en lui enlevant son temps de réflexion? Ou malveillance envers notre démarche?
Alors que ce mail n'était pas encore envoyé j'ai reçu l'information de vos excuses. Votre journal s'honore en publiant un démenti et des excuses, mais votre journaliste devrait méditer les phrases qui ont ponctué mon enfance ( j'ai 82 ans) : " on tourne 7 fois la langue dans sa bouche avant de parler" et " on réfléchit avant d'écrire"
Mais qui est capable de réfléchir encore à notre époque où les mails, SMS et autres doivent être partis d'un clic sans relecture, et ou tout doit être bouclé avant d'avoir été pensé? »
J’ai découvert ce problème de l’euthanasie il y a une quarantaine d’années d’une manière étonnante. J’avais du faire « piquer » mon chien et le vétérinaire, une personnalité politique de droite devenu presqu’un ami, m’avait confié « Je pense souvent que les animaux ont bien de la chance ». Devant ma stupéfaction, il m’avait parlé, en termes mesurés et pudiques de sa mère, devenue un « légume » depuis de longues années et que « la médecine sauvait a chaque ennui de santé »( termes par lui employé).
A la suite de cet épisode, j’ai beaucoup écouté, lu, réfléchi et pensé que l’acharnement thérapeutique était inhumain.
Puis il y a eu ma mère, qui a fait un grave accident de santé a 95 ans et dont la vie s’est brutalement dégradée. Un jour, après un examen médical, en ma présence, elle a affirmé « J’étais programmée pour mourir en bonne santé à 95 ans, vous m’avez condamnée à une forme de vieillesse que personne ne souhaite de connaître ». j’en suis restée sans voix…. et le médecin s’est tu!
Depuis la médecine a évolué, l’acharnement « jusqu’au bout » existe moins et des soins palliatifs ont été mis en place mais j’ai adhéré à l’ADMD et je pense que ce choix, admis dans tant de pays, est respectable et ne doit pas être assimilé à une mise à mort et sali, comme ce journaliste l’ osé.
Commentaires
Bonjour,
Très heureuse de vous retrouver ! je vous avoue que je me suis un peu inquiétée de votre absence. Me voilà rassurée !
Alors oui l'euthanasie (littéralement bonne mort) est un véritable acte d'amour, c'est un acte d'empathie et de compassion, c'est la promesse de la non-souffrance, c'est la libération de la douleur.
Il y a quelques temps j'ai vu un reportage sur l'euthanasie en Belgique et il y avait ce merveilleux médecin qui accompagnait ses patients jusqu'au seuil de la mort et qui se souvenait avec émotion de tous ceux qu'ils avaient aidés à partir. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, laisser partir quand le laisser retenir ne sert plus à rien, quand la médecine est devenue impuissante à soulager.
Amicalement,
Nathalie