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Et si nous réfléchissions sur les réalités de cette Allemagne encensée!

A force d'entendre vanter la réussite  de l'Allemagne, à force d'entendre dire que ce pays détient la Vérité et que les autres doivent s'aligner sur lui ou disparaître, j'ai voulu rechercher des analyses et des réflexions sur la marche de ce pays.

Il est intéressant de constater que de nombreux économistes, sociologues et autres chercheurs ne considèrent pas l'Allemagne comme un modèle à suivre. 

 

D'abord ce pays a bénéficié de 3 atouts qui n'ont rien à voir avec la crise:

- Le déclin démographique est un premier atout. Beaucoup d'enfants, et de jeunes, c’est une richesse pour l’avenir du pays. Mais dans l’immédiat, cela coûte très cher. Quand on a des enfants, il faut les loger, les nourrir, les éduquer, leur payer ce qu'ils souhaitent. Autant de dépenses privées et publiques que les Allemands n’ont pas  à dépenser.

- La chute du mur est le 2ème atout. Elle a ouvert le pays à l'est et lui a fourni des ouvriers disponibles (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Pologne) qui sont devenus des sous traitants à bas coûts pour son industrie.

- Le 3ème atout, c'est sa spécialisation dans les biens d’équipement , les machines. Celle spécialisation a correspondu à l’explosion de la nouvelle demande des pays émergents. L’Allemagne, c’est 18% des emplois européens, mais 33% des emplois dans les biens d’équipement européens. La France a côté n'a pas grand chose à offrir aux pays émergents sauf son industrie du luxe!

 

Michel Santi, économiste, (auteur de Splendeurs et misères du libéralisme) explique plutôt cette réussite par  l'impact des fameuses réformes Hartz ( 2003/2005).

Elles avaient pour but de transférer les ressources et les richesses du citoyen vers les entreprises et vers le secteur financier. Les réductions salariales et les réformes drastiques du marché du travail ont amélioré notablement la productivité de l'Allemagne, et c'est vrai,  dopé ses exportations. 

Mais une étude de l’OCDE, publiée à fin 2012, conclut à un accroissement spectaculaire de l'inégalité des revenus en Allemagne, bien plus que dans n’importe quel autre pays membre de cette organisation. Car ces fameuses lois ont créé un marché du travail parallèle avec salaires bas, sans droits sociaux.

- Sait-on qu'il faut un an de chômage  pour demander une misérable allocation mensuelle de 347 euros par mois, à  condition  d’avoir préalablement épuisé son épargne et à la condition expresse que son conjoint soit incapable de subvenir à ses besoins.?

- Sait-on  l’obligation imposée d’accepter n’importe quel emploi, indépendamment de ses qualifications et de ses revenus antérieurs  y compris à temps partiel, dénués de toute sécurité, de droits à la retraite et autres allocations? Les conditions sont "similaires à celles encore en vigueur dans le Tiers-monde et dans les pays émergents".a-t-on pu écrire

- Sait-on que la part dévolue aux actionnaires a crû dans des proportions considérables ces douze dernières années car  les entreprises ont choisi  de distribuer une part de plus en plus lourde chaque année  aux propriétaires, quelle que soit l’intensité de la crise économique et financière?

 

Un article intitulé " Dans une start up allemande à Berlin j'ai découvert le cynisme absolu," une jeune française raconte son expérience . Postulant pour un emploi proposé à 1500€ par mois, elle est engagée pour un mois d'essai ( contrat de free-lance) payé 400€. Elle apprend que la Sécurité Sociale est à sa charge ( 150 à 600€ mensuels), que l'employeur ne sera pas obligé de payer les 400€ si subjectivement  il juge le travail mal fait! Enthousiaste et motivée, elle donne satisfaction mais apprend alors qu'elle ne sera pas payée 1500€ mais 500 car " c'est le mieux qu'ils peuvent faire avec leur comptabilité" , car il n'y a pas de salaire minimum en Allemagne.La suite, (conditions de travail et ambiance) est à l'avenant et bien navrante.

 

Et n'oublions pas ce que les Allemands eux mêmes appellent "la déportation". De plus en plus de vieux Allemands malades sont envoyés dans des maisons de retraite et des centres de rééducation à l'étranger en raison de la hausse des prix et de la dégradation de la qualité des traitements en Allemagne . 400 000 seniors allemands seraient dans l'impossibilité de payer leur maison de retraite – une tendance qui augmente de 5 % par an.  Un flux qualifié de "déportation inhumaine" par les organisations sociales!

Hongrie, Tchéquie, Slovaquie etc…. Dans un reportage,  j'ai vu des retraités allemands en Pologne dans une maison où aucun membre du personnel ne parlait  leur langue et j'ai imaginé quelle pouvait être leur détresse!

The Guardian explique que le marché doit être florissant car tout en continuant à s'implanter dans les pays proches , de nombreux entrepreneurs  travaillent à construire d'autres maisons en Grèce et jusqu'en Thaïlande!

 

Voilà le bilan de nombreuses heures de recherches! L'Allemagne, est ce le paradis qu'on se complaît à nous décrire?

 

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