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Un voyage au bon temps de ... 1943!

Je suis en train d'écrire un récit de la vie au siècle dernier, vu par les yeux de ma mère ( qui m'a laissé des "tonnes" de documents familiaux). Au fil des pages, j'ajoute mes propres souvenirs.

Ce matin, j'ai  envie de mettre dans ce blog  l'épopée d' un voyage de l'année 1943,  environ 200 km…. en 4 jours.

A notre époque où le moindre flocon de neige sur les routes, le moindre retard de train prend l'allure d'une affaire d'état, il ne me semble  pas inutile de rappeler qu'une certaine sérénité est indispensable devant les évènements imprévisibles.

 

Juillet 43, j'ai 11 ans. Mon père décédé, ma mère et moi  tenons à retrouver la famille vendéenne pendant les vacances. 

Cela pourrait sembler simple:

Linières Bouton, Niort sont 2 gares

sur la grande ligne Paris, Bordeaux.

Cette année là,  nous avons mis 4 jours!


Acte 1: Du petit village de mon enfance à la gare de Linières Bouton nous allons à pied ( 3 km), heureusement un habitant du bourg a emporté nos valises sur sa charrette.

 

Acte 2: Le trajet Linières, Saumur s'effectue par le train, avec arrêt à chaque gare. Malheureusement, le pont de fer de Saumur en direction de Thouars avait été détruit en 40 et nous devons coucher à Saumur chez une amie. Nous passons d'abord à la Kommandantur pour obtenir un "laisser passer" car le lendemain le train part avant la fin du couvre feu! 

4 km parcourus à pied le soir, 3 le matin,  au petit jour, pour rejoindre la première gare après la traversée de la Loire! Déjà je trouve ma valise bien lourde, mais çà n'est qu'un début!

 

Acte 3: En voiture jusqu'à Thouars, mais, hélas, nouveau parcours à pied. Le viaduc étant coupé nous rejoignons St Jean de Thouars ( encore 2 ou 3 km) avec la descente de la vallée très accidentée du Thouet par un sentier de chèvres où porter ma valise me semble au delà de mes forces. 

C'est là que nous devons retrouver le train pour Niort mais cette fois, est-il déjà parti? a-t-il été supprimé? …nous restons sur le quai! Heureusement chef de gare et garde barrière ouvrent leur maison pour la nuit aux pauvres gens qui ont la mauvaise idée d'aller à Niort. 

 

Acte 4 : St Jean de Thouars,  Niort,  encore dans un omnibus. Quand tout se passe bien, à l'arrivée, nous avons juste le temps de prendre le train pour Fontenay-le-Comte.  Mais hélas, ce jour là,  notre train a du retard, nous devons coucher à Niort 

Ma mère, pas rassurée de nous voir seule dans cette salle d'attente noire ( couvre feu oblige) décide d'aller à l'hôtel de la gare.  Mal lui en a prend,  il est trop tard pour nous servir à diner, l'hôtel  est plein d'Allemands qui font la fête, la porte de la chambre ne ferme pas à clé. De plus,  la literie est  tellement sale que sans nous déshabiller, nous nous étendons sur nos serviettes de toilette.

 

Acte 5: Niort , Benet  ( berceau de la famille) dans le train et encore un petit effort , 1,5 km a pied pour arriver chez mes grands parents.

 

Le croiriez vous, j'ai gardé un excellent souvenir de ce voyage; l'atmosphère conviviale, détendue aussi bien dans les trains que pendant la nuit à St Jean de Thouars était pleine d'humour et de gaité. Tout le monde restait serein, sans récrimination, ni plaintes.

Autre temps, décidement!

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