- Jean-Paul Delevoye, dans son essai "Reprenons nous!", analyse la société française, une société en proie au malaise. Il dénonce les hommes politiques qui font campagne en exploitant les peurs ou les humiliations des Français. L’écart entre le peuple et l’élite et la méfiance des Français envers les politiques ouvrent les portes au populisme et à l’extrémisme.
Il a constaté l’évolution de la violence dans les rapports humains depuis les années 75.
- A l'école, la violence verbale est partout, la violence tout court parfois, et le mépris de plus en plus affiché des garçons envers les filles.
- La moitié des interventions policières se font maintenant dans le cadre de conflits familiaux, phénomène qu’il juge très inquiétant.
Le basculement de la société citoyenne en société de consommation a amené le rejet de l'autre, le repli sur soi et le repli identitaire.
On vit dans une démocratie d’émotion qui exploite les peurs et les politiques jouent sur ces peurs pour gagner un électeur.... tout en perdant un citoyen.
Voici quelques citations:
- Notre société actuelle aurait besoin d’un but commun auquel cela vaudrait la peine de se consacrer. La grandeur des causes grandit les peuples. Celle des intérêts affaiblit les peuples
- La République est devenue consommable : tout le monde veut profiter mais personne ne veut en payer le prix
- Le fantasme de la toute-puissance est partout, que ce soit à travers les jeux, les appareils électroniques mais aussi les idéologies fanatiques.
- Acceptons de retrouver le goût et le chemin de l’autre. L’autre est une chance, ne le regardons pas comme un problème, encore moins comme une menace
- Les sociétés sont dominées par trois sentiments – désespérance, peur et humiliation. L’espérance communiste a chu avec le mur de Berlin. L’espérance libérale est tombée avec Lehman Brothers, les espérances politiques sont devenues très fragiles, les partis sont souvent réduits à des procédés tacticiens. Ceux qui exploitent les peurs, plutôt les droites, jouent sur des instincts qui peuvent déchaîner la violence.
-Il ne faut pas oublier que la première mondialisation s’est accompagnée d’une financiarisation et de rivalités exacerbées, d’un creusement des inégalités qui a débouché sur la guerre de 14-18. Prenons garde aux risques d’explosion et de déclin de l’Europe.
- Ça fait mal de prendre en pleine face nos pertes de repères, le racisme, la violence partout, la haine pour les administrations, une école devenue machine à exclure, la montée du Front national, le suicide première cause de mortalité des 25-34 ans.
Dans un entretien de 11mn sur France 24, J P Delevoye explique pourquoi ce livre et les raisons de son inquiétude.