Décidément le " Financial Times" est une lecture à recommander. On ne s'attend pas à y trouver des idées subversives et pourtant, on y découvre des choses étranges!
Après la critique virulente de l'ultralibéralisme des semaines passées, voici des réflexions sur la presse française qui valent la peine d'être lues.
Titre: "Plus qu'aucune autre, la presse française est proche du pouvoir - pas contre, tout contre."
Extraits de l'article:
"Voila un pays où l'idéologie est révolutionnaire et égalitaire. Or, une coterie de milliardaires exercent une emprise surprenante. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les journalistes ont en ligne de mire les ventes de journaux, et parfois même l'honnêteté, la France, elle, perpétue une tradition différente. Depuis toujours, les médias locaux sont de mèche avec le pouvoir. Et il en a toujours été ainsi: le cardinal de Richelieu, principal ministre de Louis XIII, signait sous un pseudonyme des articles sur lui-même, publiés dans le seul journal de l'époque. Napoléon a fait de même plus tard.
Quand la haute bourgeoisie est entrée dans le journalisme, la profession s'est rapprochée insidieusement du pouvoir. Les journalistes ne parlent plus le langage de la vérité, ils font preuve de prudence quand ils écrivent leurs articles, ils respectent la vie privée des hommes politiques influents.
Cette soumission séduit les milliardaires. Lesquels ont en général hérité de leur fortune, probablement parce que la France est dotée d'un secteur financier relativement peu développé. Les milliardaires Serge Dassault et Arnaud Lagardère, héritiers de dynasties industrielles, possèdent à eux deux la majeure partie de la presse écrite. Leur homologue Martin Bouygues est le principal actionnaire de TF1, première chaîne de télévision française. Leur mainmise est totale sur la communication française.
La promiscuité des médias avec la classe politique a atteint son paroxysme sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Le président s'est arrogé le droit de nommer les dirigeants de la radio et de la télévision publiques. Ses liens avec des magnats de la presse sont presque comiques, formant un sac de nœuds digne des telenovelas brésiliens ou des romans victoriens."
Inattendu dans un journal financier renommé pour sa rigueur!
La suite, je l'ai trouvé dans un hebdomadaire, libéral pourtant! Challenges du 24 novembre 2011, au sujet de le dernière étude d'Audi-Presse, qui mesure l’audience de la presse papier dans les classe sociales les plus riches :
" Les groupes de presse ont l’œil rivé sur l’audience « premium » de leurs titres, révélée le 22 novembre par l’étude Audipresse Premium. Celle-ci calcule le taux de lecture des Français les plus riches et influents, chouchous des annonceurs. "
( A ce sujet, le Monde" vient de dépasser le Figaro dans cette dernière étude!)
Et, à ces lecteurs là, il ne faut pas déplaire: désaffection du lectorat populaire et la défiance généralisée envers les médias . Peu importe: les orientations ne doivent pas remettre en question la pensée des riches ni l’économie de marché, .
En 2010, Le Figaro félicitait même l’ensemble de la presse pour sa capacité à ne s’adresser qu’aux plus riches appelés, dès la première phrase de l’article, " la crème des crèmes "
On ne s'étonnera pas alors que chaque jour en moyenne moins de 2 % des Français achètent un journal national. Heureusement qu'Internet et la presse étrangère permettent de comprendre un peu mieux notre monde mais combien de nos concitoyens ont encore l'envie de "s'informer!"