Sur fond de crise économique, de mondialisation et de nouvelles organisations du travail, la santé mentale des travailleurs se dégrade.
C'est OCDE qui l'affirme dans une étude publiée le mercredi 14 décembre, intitulée "Mal être au travail ? Mythes et réalités sur la santé mentale au travail ".
Par "mauvaise santé mentale", l'OCDE entend les dépressions graves, les toxicomanies sévères (alcool, drogue), les troubles maniaco-dépressifs... tous ces maux établis par un diagnostic médical.
L'étude de 34 pays parmi les économies les plus avancées,montre que "la précarisation croissante des emplois et l'augmentation actuelle des pressions au travail entrainent une aggravation des problèmes de santé mentale."
Et l'OCDE n'hésite pas à qualifier la santé mentale de "nouveau défi prioritaire pour le marché du travail".
Pourquoi nos contemporains souffrent ils plus de troubles mentaux que les générations précédentes?
La crise économique et ses conséquences apparaissent comme l'une des explications majeures de la détérioration de la santé mentale des salariés. Ainsi, établit l'étude,
- "la perte de l'emploi aggrave la détresse psychologique autant qu' un accident ou la perte d'un conjoint". dit l'étude
- le risque de perte d'emploi augmente pour tous les travailleurs. Cette "insécurité" est passée de 14 % en 2005 à 17 % en 2010, et de 21 % à 40 % chez les travailleurs temporaires. Et cette insécurité génère stress et influe sur la santé mentale
- enfin, de plus et surtout, la tension au travail a fortement augmenté dans presque tous les pays de l'OCDE.
Au Royaume-Uni, elle concernait 40 % des salariés en 2010, contre 25 % en moyenne sur la période 1995-2005.
En France, 30 % contre 20 % sur les mêmes périodes de référence,
En Espagne, 41 % contre 29 %.
Et, bien entendu, les salariés les moins qualifiés sont les plus exposés.
Les demandes de pensions d'invalidité, autrefois liées aux accidents dans l'industrie, sont de plus en plus dues aux maladies mentales.
Mais depuis qu'on ne considère plus le travailleur comme un être humain, mais comme une unité de travail, peut-il en être autrement?Et puis, conséquence de l'ultralibéralisme, les actionnaires réclament aux entreprises une rentabilité à deux chiffres, des 10 à 15 %, alors même qu’"en faisant pression au maximum sur le travail, en améliorant la productivité, la croissance d’une entreprise peut difficilement dépasser les 3 % par an".
Pourtant "Le stress au travail est reconnu comme un obstacle majeur à la productivité" affirme l'étude
Quelques avancées dans ce domaine:"Aux Pays-Bas, l'employeur reste responsable de ses salariés, même s'ils sont en arrêt pendant deux ans, ce qui facilite la réinsertion"
En Grande-Bretagne, la compagnie British Telecom fait de l'état mental et du bien-être des salariés un élément de l'évaluation de ses managers.
Pas encore chez nous! Et on pense immédiatement aux suicides de France Télécom!
Commentaires
C'est évident que de plus en plus de salariés se plaignent de son environnement de travail. Car le stress causé par la pression leur perturbe leur santé mentale.