Et puis, à midi, je ne résiste pas à l'appel du printemps. C'est un jour de " création du monde" ( comme j'aime à dire) avec air léger et paysages neufs. En route donc pour la Loire, fleuve qui a bercé mon adolescence et ma jeunesse et que je ne perds jamais de vue.
Le plus beau fleuve du monde? après en avoir connu sur tous les continents, je le crois!
En une demi-heure, mon vélo fidèle me permet de le rejoindre. Et je vais parcourir 30 km, de découvertes en découvertes. Chaque printemps me semble le premier ... et le plus beau.
Ce sont d'abord les prés, recouverts par une crue légère d'où émerge une herbe d'un vert intense, qui évoquent un paysage de rizières!
Plus loin, des ficaires piquent d'étoiles d'un jaune vif le fond du fossé tandis qu'un massif de minuscules véroniques en bleuit le revers! Je trouve même les premières pâquerettes.
Dans les jardins, ce sont les crocus et les jonquilles, dans les haies, les forsythias et les pommiers du Japon!
Quant à l'air, doux et si léger, phénomène étonnant, il faut traverser des zones froides pour plonger dans des bulles tièdes.
Et toutes les odeurs se déroulent au fil des mètres, douceâtre près du fleuve, acide près des fermes, parfumée plus loin!
Pas de doute, il est là le printemps!
La barre de céréales croquée sur un banc vaut pour moi tous les repas du monde!
Mais il faut bien rentrer. Sur la levée, les voitures climatisées filent, avec leurs passagers insensibles à la beauté, privés de sensations.
Les odeurs de la Nature, on les ignore, la chaleur et le froid, il faut les éviter, même le goût est aseptisé par une nourriture insipide!
Un jour peut-être les villes seront sous cloche... par "principe de précautions" et soi-disant pour le bien-être!