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Somalie et corne de l'Afrique

J'étais en train d'écrire une note sur la famine qui sévit la-bas, après avoir réuni des tas d'informations. Les femmes qui font 40 km aller et retour en portant l'eau précieuse sur leur tête, les populations déplacées avec les enfants qui meurent en route, tout cela m'est insupportable et mon implication au Niger, me rend tellement sensible aux malheurs de ces pauvres peuples. C'est pourquoi , depuis 2003, mon association "la Poulie" creuse des puits, installe l'eau courante et implante le maraîchage!

Et puis, hier, j'ai trouvé l'article de Christian Barbier, directeur de la Rédaction de l'Express. Exactement ce que j'étais en train d'exprimer. Alors une fois n'est pas coutume, je vais faire un " copié/collé", indiquant mes sources :

C Barbier qui a si bien exprimé ses sentiments... avec indignation!

"Avouons-le, la famine qui touche la corne de l'Afrique fait autant de bruit chez nous

qu'un caillou lancé dans une mer d'indifférence."

Lequel d'entre nous n'a pas pesté face au fiasco météo, à novembre importé en juillet et aux vacances gâchées - mais qui a plaint la Somalie?

Lequel d'entre nous ne s'est pas réjoui du panache vélocipédique de Thomas Voeckler et désolé de la fin pathétique d'Annie Winehouse- mais qui a plaint la Somalie? 

Lequel d'entre nous n'a pas frémi d'horreur en songeant au tueur norvégien et d'angoisse en suivant la crise de l'euro - mais qui a plaint la Somalie?

Avouons-le: la famine qui frappe la corne de l'Afrique fait autant de bruit chez nous qu'un caillou lancé dans une mer d'indifférence. Celle-ci se remplit d'année en année d'une écume amère: les embardées marketing du charity-business écoeurent les généreux, les déboires cuisants de l'ingérence humanitaire poussent au chacun-chez-soi et, disons-le, la propension des peuples pauvres à s'entre-tuer par-dessus leurs écuelles finit par décourager le Bon Samaritain.  

Signe d'un déclin de l'Occident

Mais toutes ces explications ne sont que des excuses. Confronté à son propre déclin, l'Occident se racornit et son égoïsme s'indure. La Somalie nous est étrangère, comme hier le Darfour et demain quelque autre plaie du monde, parce que nous n'avons plus d'idéal pour le monde, plus de modèle à offrir aux pays qui cherchent le leur. Indifférents parce que nous déclinons, nous déclinons aussi par cette indifférence; elle nous rabaisse et ternit les derniers feux de notre couronne, qui s'appellent compassion et droits de l'homme, puisque les joyaux civilisation et puissance en sont tombés depuis longtemps. Les palabres engagées à Rome pour aider l'Afrique de l'Est semblent les haillons des mobilisations d'antan. 

Repenser l'intervention

Que faire pour la Somalie, sans rééditer les erreurs d'autrefois, avec ces sacs de riz portés à dos de ministre et ces casques bleus massacrés par les seigneurs de la guerre? Donner, encore et toujours, sans arrière-pensée politique ni jugement moral. Si nous ne le faisons pas, la Chine s'en chargera, mais, pour elle, aider signifie toujours acheter et l'humanitaire n'est qu'une forme d'investissement. Comptable de notre absence en Somalie comme de notre impuissance en Syrie, il nous faut aussi convoquer l'humanité et redéfinir les conditions de l'intervention dans les pays qui souffrent. L'ingérence n'est plus efficace parce qu'elle n'est plus assez légitime, adossée à une Organisation des Nations unies qui reflète le monde de 1945 et non celui de 2011. Avec le Brésil, l'Inde, d'autres pays émergents et un représentant de l'Afrique, un nouveau Conseil de sécurité serait la juste instance pour mieux ordonner la planète: c'est à la France de proposer sans relâche une telle refonte de l'ONU. 

Attention! La corne de l'Afrique nous semble bien inoffensive, que l'on peut ignorer sans risquer quelque vengeance ni payer autre chose que le prix du remords. Mais elle pourrait bien n'être qu'une anticipation de notre avenir collectif : la somalisation de l'Occident, comme l'évoqua Jacques Attali dans L'Express du 1er novembre 2010, n'est pas impossible.

Absence de tout gouvernement, diktat des marchés légaux et crapuleux, chaos militaire, désastre économique... Ce qui aujourd'hui nous laisse froid pourrait, demain, nous consumer. " 

Merci M. Barbier, il est des choses qu'il faut crier! Et, petit rappel:

Les États-Unis détiennent le record du gaspillage d'eau, avec une consommation quotidienne d'eau par habitant de 600 litres, hors consommation collective.

En France, nous avons dépassé les 150l  par habitant et par jour!

En Afrique sub-saharienne, les habitants consomment uniquement 10 litres d'eau par jour. Et, comme c'est une moyenne, certains ont beaucoup moins!

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