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Lettre ouverte à Eric Zemmour


Je savais que vous étiez chroniqueur au Figaro, j'avais eu l'occasion de vous entendre chez Laurent Ruquier et RTL m'avait appris votre arrivée chaque matin à 7h15. J'avais même lu un interview ou vous disiez " je ne suis pas un provocateur…. ce ne sera pas l'estocade" et parlé "d'indépendance d'esprit et de clairvoyance"
Et puis ce matin, alors que ma journée commençait dans la sérénité, avec RTL en fond sonore, je vous ai entendu!
J'ai très vite senti de larmes de chagrin et de rage me monter aux yeux, alors que vous distilliez avec des paroles  outrancières, une haine palpable et destructrice du monde enseignant!
Vite, le site pour écouter, réécouter votre chronique et noter ce qui m'a le plus choqué. Vous aviez affirmé, dans votre interview que vous écriviez tout et peaufiniez! Aujourd'hui, pour votre diatribe contre l'école publique, vous avez dû chercher avec délectation les mots qui humilient, les mots qui blessent, les mots qui tuent!
J'en ai noté et hélas, je ne suis pas prête à les oublier:
" … école, centre privilégié de propagande, déversée sans complexe ni retenue avec une conscience en acier
… tout cela, pris sur le temps d'apprentissage du français, des math, de la géographie
… impose sa conception de la vie et sa pression idéologique sur les enfants est souvent insupportable, c'est un totalitarisme
…  service de propagande efficace pour conditionner, programmer les jeunes, …. vision de l'histoire partiale …. instruction civique remodelé"

Et pour terminer l'attaque aux instituteurs du passé, dont "le but principal était d'arracher les consciences à l'église"
J'ai envie de dire "Nous y voilà!"  et "Fermez le ban"!
J'ai cru voir ma mère et ses amis se retourner dans leur tombe! Ma mère, ….1925/1962 …. au service de l'enfance, de tous les enfants dans un esprit de tolérance total. Une génération dont le seul désir et le seul but, c'était d' instruire et d'éduquer pour que chacun aille au bout de ses possibilités. Et de faire comprendre que, quelque soit la race, la religion, la culture, tous les hommes se valent!

Alors la plupart  travaillaient pour leur classe tôt le matin, tard le soir, le jeudi et souvent le dimanche, surveillaient  des études, faisaient des cours du soir pour ceux qui n'avaient pas eu le fameux certificat d'études et qui, grâce à eux, sont devenus gendarmes, postiers, cheminots, etc. Ils trouvaient le temps de créer des bibliothèques, de faire de l'éducation populaire, d'animer des séances de cinéma, de rassembler les jeunes dans la préparation de théâtres qui donnaient lieu à de grandes fêtes! Et en plus, souvent,  ils étaient souvent secrétaire de mairie!
C'était une France rurale que vous n'avez surement pas connue et qui semblait évoluer vers un monde meilleur!
Dans le sillage de l'école, j'ai lu toute la littérature du XIXème siècle, j'ai découvert la poésie …. de François Villon à Appollinaire, j'ai vu Charlot, bien sûr, mais aussi Nanouk de Robert Flaherty et Blanche Neige. J'ai même "subi" une version filmée de l'opéra " Louise de Gustave Charpentier". Et je savais par coeur Labiche, Faydeau, Sacha Guitry et tant d'autres

Alors, rabaisser les enseignants  à l'anticléricalisme primaire de certains, c'est plus que réducteur, Monsieur Zemmour!

Et puis, ne deviendrait-on pas anticlérical quand on  refuse de louer une chambre à la pauvre jeune fille nommée dans un village de l'ouest, de vendre du lait ou du pain à l'institutrice du village, et ce, toujours sur ordre du curé ou du recteur, au nom de la charité chrétienne sans doute? Et on pourrait en raconter tant d'autres, beaucoup plus graves encore qui n'avaient d'autres but que la destruction de l'école publique et le départ de l'enseignant!
Le temps a passé, les querelles église/école ont heureusement disparu,  mais les enseignants ont-ils vraiment changé? j'en côtoie assez pour savoir que, dans un métier de plus en plus difficile, c'est toujours l'amour de l'enfance qui les guide et un certain respect de l'enfant que notre époque a bien oublié en le formatant dès le berceau pour en faire un consommateur impulsif, compulsif et irréfléchi et un futur travailleur à l'échine souple, conditionné pour n'être qu'un pion.
Alors votre chronique m'a fait passer une très mauvaise journée.

Travestir la vérité pour s'acharner à détruire une profession toute entière, c'est lâche, méprisable, mais bien dans l'air du temps. Et puis le bon peuple doit comprendre que le monde enseignant est responsable de tous les  maux de notre jeunesse! Alors, l'y aider par votre haineuse chronique matinale…
Voilà bien un échec des enseignants, malgré leurs efforts, ils ne réussissent pas à apprendre à l'homme à respecter la vérité, ni à devenir meilleur.
Et dire que vous êtes parti de Ségolène Royal et de la grossesse des très jeunes filles  pour arriver à tant de bassesse!

Vais devoir cesser d'être une auditrice fidèle de RTL pour éviter votre chronique?

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