Depuis le passage de Xynthia, j'ai encore un peu plus de mépris contre notre société!
Vendée, terre de mes ancêtres depuis la nuit de temps, douloureusement meurtrie par cette tempête exceptionnelle, mais pas inimaginable en cette fin février, et aux conséquences, hélas, bien prévisibles
Ma famille habitait le marais vendéen, et une seule fois pendant leur enfance, mes grands parents ont emmené leurs enfants jusqu'à la mer, une découverte forte et inoubliable.
Octobre 1923, ma mère entre à l'Ecole Normale de la Roche sur Yon: elle sera institutrice.
Déroulement classique des études jusqu'au 9 janvier 1924! Ce jour là, raz de marée sur tout le littoral atlantique ( en fait une tempête comme celle d'hier!). On décide de conduire les Normaliennes aux Sables d'Olonne, par l'omnibus la Roche les Sables , pour étudier les effets du raz de marée sur le remblai et les dunes .
Combien de fois ai-je entendu le récit du remblai avec des trous où auraient pu loger les maisons des alentours et des dunes ravagées, arasées, qui avaient disparues? Je pense que toutes ces jeunes filles ont gardé leur vie durant le souvenir de ce spectacle désolant. Ce voyage donna lieu à une étude de la vie de la terre et des moyens de se protéger de ses excès.
(Et oui, on a fait croire qu'à cette époque l'enseignement ne pouvait s'enraciner dans l'actualité! pourtant combien d'expériences intéressantes ont été menées après la première guerre)
Toute sa vie, ma mère a parcouru cette côte, pour elle la plus belle du monde. Elle nous a fait constater tant de fois le mauvais entretien de la dune de l'Aiguillon, dont on bouchait les trous avec une brouette de ciment et le manque total de réparation de tous les ouvrages qui protégeaient l'arrière pays. Sa conclusion était " Mais il faut être fou, ce qui s'est produit une fois peut se reproduire car 50 ans, 100 ans, c'est une seconde à l'échelle de la terre"
Alors quand les lotissements ont commencé à pousser au dessous du niveau de la mer, partout et de plus en plus nombreux, sans aucune protection, elle le déplora en prédisant une catastrophe. Hélas, elle a eu raison en tout!
Depuis les années 60, l'homme oublie ( ou refuse de savoir ) que la terre est vivante et qu'elle n'a pas été créée à son service. L'avancé des techniques conjuguée à la non-acceptation des contraintes, lui ont donné un sentiment de toute puissance qui le pousse à agir en fonction de son bon vouloir, de son égoïsme et, hélas, et du fric à gagner …. qui est devenu le seul but de la vie.
Humilité et respect envers notre planète bleue qui nous donne tant,
est ce donc trop demander en ce début du XXIème siècle?